«Vgayethtelha, d-erroh n-lekvayel» (Bejaïa est belle, elle est l’âme des Kabyles), chantait le regretté Cherif Kheddam. C’est que la cité suspendue entre mer et montagne est pleine d’attraits.
Sa situation et son histoire font d’elle l’une des villes algériennes les plus prestigieuses et une destination touristique privilégiée. C’est ce joyau culturel, urbain et naturel, que les éditions Al Bayazin, mettent en valeur dans un livre de presque de 200 pages*. En format poche, l’ouvrage est une mini-encyclopédie où sont évoqués l’histoire, l’urbanisme, l’architecture et enfin le caractère touristique d’une cité gâtée par la nature et protégée par Yemma Gouraya. La mythique guerrière et sainte du 16e siècle, nourrissent encore l’imaginaire de ses enfants. Le premier chapitre, «Au départ Saldae, une bourgade romaine insignifiante» s’attarde sur les traces et gravures attestant de son occupation par l’homme depuis la préhistoire. Bien avant les Romains, Bejaïa était un comptoir phénicien et une ville du royaume Numide. C’est avec l’arrivée de l’Islam qu’elle prendra de l’importance. Elle sera la capitale des Hammadites, puis ville importante pour les Hafsid de Tunis. Elle sera surtout un centre de rayonnement scientifique et culturel et un temple de piété et de tolérance où passent Ibn Khaldoun Ibn Arabi, Ibn Toumert Sidi Boumediene Fibonacci ou son élève Leonardo de Pisa. L’ouvrage n’omet pas la conquête espagnole et la présence ottomane. En 1833, Bejaïa tombe sous l’occupation française après une bataille de 3 jours. L’ouvrage rappelle les différentes insurrections contre l’occupant français notamment celle de Cheikh Ahedad et Al Mokrani sur les hauteurs de la Soummam et des batailles de la guerre de libération. Durant l’occupation française, un grand nombres d’hommes illustres la visitent ou s’y installent. L’Archiduc autrichien Louis-Salvador Habsbourg, le président portugais Manuel Teixiera Gomez, le Géographe français Odile Berkil eurent un coup de foudre pour «Bougie». Le second chapitre est consacré à la nature féerique qui abrite une biodiversité animale et végétale. Le Parc national Yemma Gouraya est un vrai sanctuaire que le guide nous invite à découvrir avant de bifurquer vers la façade maritime où le Pic des Singes offre un panorama dont la beauté coupe le souffle. Le charme des Aiguades et Cap Carbonne et son phare ont une renommée bien établie.Le détour par la mythique «Place Gueydon», actuelle place du 1er Novembre, cœur battant de la ville est inévitable.Après un passage obligé par la place qui offre une vue plongeante sur le port de Bejaïa. Le circuit se poursuit àtravers les ruelles et boulevards de la ville à l’architecture haussmannienne, de la vieille ville où se dressent les fortifications et remparts de l’époque hammadite. Bejaïa c’est aussi sa culture, ses artistes comme Cheikh Sadek Lebjaoui, un des maîtres de la musique andalouse, mais aussi d’autres comme Djamel Allam, Zerouki Allaoua et le chouchou des Bedjaouis, Abdelkader Bouhi . Bejaïa reste une ville à la fascination inusable et une destination à inscrire sur son agenda de vacances.
n Hakim Metref
*Béjaia, la perle de la Méditerranée. Editions Al Bayazin. Prix public 1.200 DA